• A bas la viande !

    A bas la viande !

    La viande ou plutôt de l'absence de celle-ci dans nos assiettes. Je n'ai pas attendu le 1er janvier pour prendre de bonnes résolutions car depuis la rentrée dernière, j'ai arrêté de consommer des animaux morts. Adieu poulet, cochon et consorts. Il était temps pour moi de revenir en quelque sorte aux fondamentaux (poissons, légumes et tofu) et trouver suffisamment de subterfuges afin de contourner ce dont nous autres français, avons tant de mal à nous défaire : le rapport quasi-charnel à la viande. Car non, devenir végétarien n'est pas un choix anodin pour tout latin que je suis : Il ne s'agit pas de pratiquer le carême 365 jour par an, mais d'abord prendre en compte la souffrance animale. Il demeure en France une alliance historique entre l’état, la grande industrie et les laborantins qui, pour des raisons de rentabilité évidente, se refusent à prendre en considération le bien-être de nos congénères à quatre pattes à travers leur abattage rituélique ou non. Il est temps je crois, de repenser la façon dont nous nous nourrissons. Manger par besoin vital et non plus par gourmandise. La viande n'est pas obligatoire quoiqu'on en dise, l'on peut très bien s'en passer sans créer de manque physiologique ou de carences. Le rapport homme – animal doit pouvoir changer à l'avenir, c'est une révolution qui se met lentement en place. N'avez-vous donc jamais pensé élever des lapins pour le simple plaisir d'en avoir ?

     

    Le débat anthropologique plonge ses racines au plus profond de l'histoire. Un lien entre l'homme et ses congénères quadrupèdes datant de 10 000 ans, prouve que l'animal a d'abord été divinisé avant d'être domestiqué, puis consommé. Aujourd'hui il y a un culte symbolique mais malsain à parler de la viande comme quelque chose de sacré. Au contraire, parler d'une alimentation végétarienne relève du tabou sinon de la moquerie surtout dans les milieux ruraux. Ne nous leurrons pas : tuer un animal pour le manger c'est une chose, le maltraiter en batterie, enfermé en lieux clos sans jamais voir la lumière du jour, c'en est une autre ! C'est surtout la consommation de viande « rouge » qui pose problème : cholestérol, diabète, cardiopathologies, obésité, cancer... Autant de sonnettes d'alarme que nous ne voulons pas entendre. Nous savons que l'alimentation des chinois est plus équilibrée que celles des américains, le régime alimentaire privilégiant le poisson, le soja, les céréales ou le riz, prend de plus en plus de place dans notre consommation journalière. On ne compte plus la restauration asiatique des grandes villes qui a reconverti les plus fervents carnivores. La tendance du fast-food gras et dégueulasse venu d'outre-atlantique est en passe de s'éteindre en Europe depuis ces dernières années au profit d'une façon de nourrir son corps plus sainement.

     

    Manger de la chair, c'est un peu se manger soi-même. Que nous reste-il de réminiscence cannibale à se ronger les ongles et les peaux mortes ? Ne dis-t-on pas d'un nouveau né qu'il est « à croquer », que l'on voudrait le « manger tout cru » ? Sommes-nous donc inconsciemment condamnés à nous dévorer les uns les autres dans un futur proche ? Christophe Colomb sur l’île de l'Hispaniola découvrit un peuple qui se livrait à de l’anthropophagie. Ces tribus pratiquaient un rituel qui était d'incorporer le mal plutôt que de le vomir. Ils croyaient notamment qu'après la mort, les âmes erraient et hantaient les vivants ; et le fait de manger les corps permettaient à ces âmes de trouver la paix et ainsi glorifier les dieux. Il s'agissait de conserver la mémoire vive des anciens, garder une trace indélébile pour ces peuples sans écritures.

     

    René Descartes évoquait déjà les animaux comme étant des machines complexes. Au travers de sa pensée, il offre une vision qui conduira nos sociétés consuméristes à l'élevage industriel et d'une certaine manière à de la barbarie organisée contre les animaux. Si on exerce cette barbarie sur des animaux, on le fait aussi sur l'homme depuis toujours : La traite des noirs ou la déportation des juifs en sont de bons exemples. Le cinéma fantastique quant à lui, nous offre au contraire un prisme jouissif de la prise de pouvoir de l'animal sur l'homme (« V » ou « la planète des singes ») Quand la fiction rejoint la réalité ; c'est beau la nature qui se venge et qui reprend ses droits !

     

     

    Franck Schweitzer

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