• Je pose ma prose...

     

     
     Secrétaire puis rédacteur en chef du journal des étudiants en Philosophie “le jardin” entre Janvier 2003 et Mai 2005 j'ai eu le privilège de travailler aux côtés d'ami(e)s et de professeurs autour d'un petit journal étudiant bien sympathique mais qui nous a demandé énormément de travail de recherches, de démarches administratives... Les rubriques étant posées dès le début le plus dur a été de tout mettre en pratique, dénicher les personnes susceptibles d'écrire un petit quelque chose, de leurs modestes contributions en est sortis le plus souvent de belles envolées, catharsis, poésies et autres analyses philosophiques.

    Je vous propose aujourd'hui quelque-unes de mes contributions personnelles, de ces textes qui encore aujourd'hui restent inédits et exclusifs, la première fois depuis ce feu journal d'étudiant Le Jardin, où ils retrouvent ici une seconde vie... sur l'espace virtuel, sur mon blog : les esprits s'échappent, les écrits restent !

     

    Prologue

    La poésie : Forme d'expression libre ou structurée destinée à faire passer des émotions aux amoureux des Lettres et à tenter de convaincre les plus réticents ; un moyen de se purger ; une écriture qui tient debout bien en place et qui suggère les choses... naturellement. Discipline controversée, qui se rapproche parfois de l'exercice philosophique pour le côté intellectuel, où le mental et l'âme ne font plus qu'un, pouvant ainsi voir grandir toutes sortes de grimaces stylistiques ; on broie, on triture, on tire, on retend : pour extraire le maximum de jus poétique. La substance même de ce que l'on appelle la métaphore.

    Donner son avis, exprimer ses choix à travers des métaphores pour être sûr de penser sans prendre de risques. Lorsque la poésie joue avec le double sens, il peut y avoir danger : surtout si la pensée est trompée par cette figure de style. L'on se plait à dire qu'il y a métaphore en rapport & rapport en métaphore : de jeux de mots en jeux de pistes, on arrange, on invente sans arrêt histoire de faire passer la pilule et ainsi renouveler le genre en un sens.

     

    Dans mon jardin d'Eden

     

    dans mon jardin d'Eden

    je coule des jours interdits

    à l'abri des adventies

    à toutes les fleurs je dis “oui”

    je te sens bien seule

    sous ton saule pleureur

    la larme à l'oeil

    une épine dans la gorge

    je veux partager le fruit défendu

    tu suspens tes pensées et goutte

    je te mets au vert et j'écoute

    tes cris sans thèmes, tu devines le Paradis.

    Numéro 0 du Jardin “dossier la guerre”, juin 2003, 16 pages, gratuit

     

     

    L'amour amor

     

    l'amour est enfant d'Eros : il n'existe qu'au travers du jugement porté sur autrui. Par intérêt ou par passion il détruit tout sur son passage. Le temps, les mentalités, les on-dit font de l'amour un poison qui conduit à la mort. Comment espérer encore aujourd'hui un amour pur et sincère ? Que celui qui se dit aimer comme cela s'arrache le coeur sur le champ.

    L'amour est enfant de Dionysos : lorsqu'ivresse et volupté se font la part belle au sexe fort, il devient excitant de s'abandonner à quelques folies charnelles. Que celui qui se dit ne pas aimer de cette manière tire sa révérence sur le champ.

    L'amour est enfant d'un zeste d'humour : Quand le père embrasse sa fille délicatement, tendrement, qu'il lui chuchote des mots doux au creux de l'oreille, sous les draps ou dans ses bras. Que celui qui se rend coupable de telles choses, ne soit libéré sur le champ.

    L'amour à mort ; lorsque le phantasme devient passion morbide, l'homme est prêt à tout pour s'entacher les mains de quelques gouttes de sang pour quelques gouttes d'eau versées par sa belle... Qu'en est-il de cet amour ? Il est vain et périra pour les yeux d'une ombre croisée dans d'autres circonstances. Que celui qui aime ainsi ne souffre que pour lui-même et se taise à jamais.

     

    Numéro 1 du Jardin “dossier l'amour”, février 2004, 34 pages, 1€

     

    couleur, non merci

     

    Dans le monde tel que nous le supportons, le trop-plein de couleurs nous assome. Cette surabondance se révèle parfois confuse, parfois irritante. Prenons par exemple le rouge, on hésite à lui donner une connotation propre : Amour ? Censure ? Sang ? Placez un individu dans une pièce dont les murs sont entièrement peints en rouge, il se révèlera aggressif au bout de quelques minutes seulement. Si cette même pièce était verte ou bleue, son comportement serait tout le contraire : calme et reposé. La couleur possède un réel pouvoir sur l'état d'esprit de la masse et les publicitaires et autres avatars médiatiques le savent bien et en abusent.

     

    Qu'y a-t-il de plus beau que de s'émerveiller devant le spectacle d'un feu de cheminée, notre affect est motivé de même voire triplé s'il s'agissait d'un incendie ; pour l'exploitation de la couleur c'est pareil. Là où son influence est la plus terrifiante se trouve être dans le domaine du textile, telle couleur devient à la mode grâce ou à cause de l'intervention du manipulateur-média. Qui peut se vanter n'avoir jamais porté de vert kaki ou de jaune poussin sous prétexte de faire comme les autres. Qui serait assez fou pour ne pas être à la mode voyons ?! Ne pas entrer dans le moule se résume à être rejeté car dans une société d'apparence comme la nôtre, le superficiel et l'éphémère sont les rois et quiquonque s'oppose à leurs lois se verrait ignoré.

    Laissons un instant de côté les pays industrialisés : les peuples indigènes d'Afrique par exemple ne se posent pas ce genre de question. Ils ont compris même inconsciemment que le vêtement n'était pas nécessaire à la survie de tout les jours, même avec un niveau de vie misérable, ils travaillent sans se soucier de leur apparence car ce sentiment n'existe tout simplement pas chez eux.

    Le jour où nos compatriotes sauront différencier être et paraître, un grand progrès sera fait et nous pourrons peut-être voir plus loin que nos si jolis petits nombrils.

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    L'âme en peine

     

    Il est 13 heures nous sommes vendredi et je viens de me lever, réveillé par un cauchemar sans fin où je me voyais mort. Le temps semble s'être arrêté. Je sors rapidement de chez moi en passant la porte, me retrouve dans une rue, seul dans cette rue déserte mais il me semble reconnaître une ombre au loi qui me salut... Je lui rend la pareille. L'ombre se retourne et disparaît au loin. Je déambule dans cette rue déserte, je m'y sens bien.

     

    Tout le monde me sourit en fermant les yeux mais je ne reconnait personne, pourtant je leur rend UN sourire en fermant les yeux à mon tour A ma droite se trouve une ruelle assez sombre, je me sens bien. J'aperçois deux fillettes toutes de blanc vêtues jouant à la marelle, au ralenti. Elles se chuchotent des mots à l'oreille, l'une d'elle lui lèche la joue de sa langue bleue et me fais signe de la main. Elle est très sombre cette rue à présent, je m'y sens bien.

     

    Une vieille dame en noir s'approche, les cheveux dans le visage et pieds nus. Je n'aperçois de son visage qu'une bouche édentée. Elle s'approche encore un peu et semble léviter, je lui souris. Elle s'efforce de prononcer des mots que je ne comprends pas car le seul son qui sort de sa bouche n'est qu'un long “mmmmmmmmmmmm” je me sens bien. De ses mains sortent de petis asticots mais d'un air désolé je lui fais comprendre que je n'ai pas d'argent sur moi. Les “mmmmmmmmmm” se font de plus en plus intenses et résonnent maintenant dans ma tête, le ciel s'assombrit et j'ai peur.

     

    En arrivant chez moi, je me précipite dans ma chambre à la recherche de mon portefeuille. J'aperçois sur le lit un jeune homme endormi qui me ressemble ; m'éloignant, je tends ma main vers le corps, je ne peux même pas le toucher. Il est 13 heures nous sommes vendredi et je viens de me lever, réveillé par un cauchemar sans fin...

     

    Numéro 2 du Jardin “dossier arts & esthétique”, juin 2004, 38 pages, 3€

     

     

    Voici un texte pas aussi innocent qu'il n'y paraît ; voyez vous-même. Après l'avoir lu une première fois, il est vivement conseillé de le relire mais cette fois-ci, une ligne sur deux.

     

    Je suis très émue de vous dire que j'ai

    bien compris l'autre soir que vous aviez

    une envie folle de me faire

    danser. Je garde le souvenir de votre

    baiser et je voudrais que ce soit par

    amitié que l'on se fixe rendez-

    vous. Je suis prête à vous montrer mon

    affection désintéressée et sans cal-

    cul et si vous voulez me voir ainsi,

    mon âme frémissante et pour ainsi dire

    toute nue, rendez-moi visite

    nous causerons entre-amis. Franchement

    je vous prouverai que je suis la femme

    sincère, capable de vous offrir l'affection

    la plus étroite et la plus profonde

    amitié, en un seul mot la meilleure épouse

    dont vous puissiez rêver puisque votre

    coeur est libre, pensez que la solitude qui m'ha-

    bite est longue, bien dure et souvent très

    pénible en y songeant bien, j'ai la tête

    grosse, accourez vite et venez me la

    faire oublier car mon amour me fera soum-

    mettre complètement.

     

     

    Numéro 3 du Jardin, mars 2005, 48 pages, 2€

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