• l'handicapable et les handicapés

    L'HANDICAPABLE & LES HANDICAPES

     

    Le but de cette analyse va être de proposer un autre regard sur le handicap car longtemps considéré comme un tabou, le handicap donne à voir depuis toujours une certaine manière d'envisager la vie et d'appréhender la personne à mobilité réduite comme une personne mise au ban de la société, un monstre, une « chose » différente de la masse globale. Mon texte est simple, sans fioritures ni concessions, parfois brutale, toujours lucide, je pars du principe de ne plus favoriser l'handicapé par rapport aux valides, car selon moi il y aurait discrimination positive pour reprendre une célèbre formule, mais plutôt adapter l'aspect technique (ascenseur, rdc). Il faut changer les mentalités dans la vision même de l'homme mais il faut surtout que soit reconnu le fait qu'un handicap aussi lourd soit-il n'est pas une maladie ni une fatalité et encore moins mortelle, qu'on peut vivre comme tout le monde, longtemps grâce aux progrès de la médecine : les institutions en première ligne alimentent depuis des décennies une hypocrisie insupportable sous couvert de bonne action du jour ; les banques refusent à première vue le prêt bancaire à un handicapable qui souhaite acheter ou louer un bien immobilier ou locatif. Du handicap, l'handicapable n'est plus un handicapé ; les handicapés c'est nous, ce qu'on appelle valides, normaux. D'où ma question : Où est la norme ?

    La personne à mobilité réduite doit être traitée comme les autres ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Pour celà une redéfinition du mot « handicapé » est nécessaire ; aujourd'hui encore ce mot possède un sens lourd de sens, réducteur et péjoratif. C'est pourquoi je préfère le terme « handicapable » je le répête une personne commes les autres si ce n'est la machinerie qui lui sert de support -fauteuil- à se déplacer comme nous autre. Utilisons le vélo ou la voiture, inversons les rôles : que diriez vous si nous pouvions tout faire simplement assis confortablement dans notre fauteuil pourvu de dizaines de fonctions qui nous permettraient de manger, boire, dormir, lire, écrire, nous déplacer. Devenons handicapé le temps d'un texte : L'affect, la sensibilité, le toucher est plus développé chez une personne à capacité réduite. C'est lorsqu'on est réellement privé de l'un de nos sens que les autres en en sont plus développés ; regard différent se pose alors sur sur son propre corps et sur le monde ; on aimerait pouvoir dire « le handicap a changé ma vie » aussi immorale et vide de sens cette phrase soit-elle...

    Frustrant et traumatisant est la personne qui n'est pas handicapée de naissance mais suite à un accident ou une maladie. Une fois handicapée, la personne ne veut pas y croire, puis prend conscience de son état et réalise que plus rien ne sera comme avant : On lui a enlevé une partie de son humanité. Trois profils se dévoilent, celui...

    * qui n'acceptera jamais son handicap (dépression, idées noires, folie, aggressivité, schizophrénie, suicide)

    * qui profite de sa situation (assistanant, égocentrisme, blasé, aigri)

    * qui s'ouvre aux autres et qui veut s'en sortir (indépendance, autonomie, empathie, philantropie)

     

     

    On est tous l'handicapé de quelqu'un dès lors qu'on est différent, celui considéré comme hasbeen, excentrique est immédiatement marginalisé. Il tient d'une forme de pensée unique que de dire et de faire comme tout le monde, cette fameuse expression « faire comme tout le monde » propre aux donneurs de leçons ; les exemples sont divers et variés dans toutes les artefacts de la vie quotidienne :

    En famille : la pression exercé sur une personne souvent moins expérimentée, plus jeune ou tout juste débarqué dans la famille, concernant les décisions importantes quant à la recherche d'un emploi, où scolariser son enfant, la prise ou non de la parole, les disputes au moment du repas, les règlements de comptes et les secrets inavoués sont autant d'exemples qui prêtent parfois à sourire et maintes fois utilisés dans les scénarios de fims ou séries.

    Sur son lieu de travail : la personne qui va travailler plus lentement que son collègue va être mis au ban de son groupe, il faut manger les autres avant de se faire manger entend-t-on souvent mais la dextérité, l'esprit d'équipe et la rapidité d'exécution n'est pas forcément acquis chez tout le monde, et l'on devrait pouvoir s'entendre et travailler avec divers profils, accepter faiblesses et défauts chez les autres sans que celà n'entrave la bonne marche de compétitivité de l'entreprise.

    Dans l'intimité : la panne sexuelle, l'impuissance ou l'éjaculation précoce sont autant de handicap qui peuvent bouleverser la vie sexuelle du couple. Au rang de performance, le complexe du vestiaire et le besoin constant de satisfaire sa ou son partenaire sont des défis purement masculins qui obsèdent l'individu. D'un autre côté, l'infidélité, le fait de supporter l'autre sont des barrages à l'incompréhension.

    Enfin, en milieu scolaire : Il y a compétition au niveau de l'assimilation des informations chez l'élève sinon il sera vite catalogué comme un perdant, un boulet ou pire, odiot... Les clans intègrent des profils types et on remarque les premiers comportement du genre depuis le début des années 80, en même temps que la technologie avançe et que la surconsommation dicte les conduites à adopter. Faire partie d'une bande comme vecteur social, avoir les mêmes intérêts communs que cette bande, sinon l'élève risque là aussi d'être exclu, et chez les jeunes on sait à quel point les méthodes sont radicales, parfois cruelles.

     

    L'handicapé ; cette tranche d'individu qui suite à une maladie ou à un accident se retrouve dépourvue de certains ou de toutes ses facultées physiques, motrices et/ou intellectuels, parmi tout les types de handicaps existants, celui qui m'intéresse serait plutôt la manière dont nos sociétés modernes prônent l'assistanat : La première loi sur le handicap date de 1975, avant, il n'y eu pas de reconnaissance de cette catégorie de personnes aux yeux de l'état, ni de prise en charge, ni de statut pour l'handicapé ; à partir de cette date, les enfants souffrant d'un handicap sont scolarisés. A son 20e anniversaire, une assistante sociale à domicile contrôle et évalue les besoins de l'handicapé tout les cinq ans (une exception en Lorraine) et une seule fois pour toutes dans le reste de la France. Cette personne exécute les gestes pour lesquels elle est payée et couverte. L'ensemble de ces soins-là est prédéfinie (si l'aide à la personne fait le repas, elle ne fera pas le ménage...). La situation est révisée en cas d'évolution nette dans la vie de la personne handicapée, cependant cela reste aléatoire et ambigüe car si un jour cette personne peut se lever du lit toute seule, le lendemain elle ne pourra peut-être pas le faire. Dans le cas de l'ancienne allocation l'A.C.T.P. versée mensuellement et gérée à la guise de l'handicapable pour rémunérer une personne désignée apte aux soins quotidiens minimum, cette personne pouvant être de la famille ou non. Avec le film « Intouchables » le handicap est sorti du bois. Est-ce vraiment une vision réaliste de notre société, on peut honnêtement se le demander. Les exemples successifs cinématographiques et gouvernementaux nous montrent des personnes en situation de handicap qui proviennent de milieux aisés. Dans les années 80 le seul ministre handicapé a laissé un triste souvenir. Dans un premier temps, Michel Gilibert a sensibilisé la population au handicap mais s'est révélé un piêtre gestionnaire des finances publiques ou plutôt un bon, mais à son profit. L'éclaircissement de cette situation ne sera jamais faite car il décéda quelques jours avant l'ouverture de son procès. Aujourd'hui Philippe Streiff ancien pilote de FI de part ses moyens et sa notoriété a la possibilité de vivre seul dans « le luxe » et faire du lobbing auprès des différents gouvernements pour améliorer notre situation de vie. C'est largement le succès d' « Intouchables » qui réhabilita l'image de le handicap auprès du grand public, là encore c'est un homme Philippe Di Borgo qui a pu tirer son épingle du jeu grâce à sa fortune personnelle. N'oublions pas les 850 000 bénéficiaires français de l'Allocation Adulte Handicapé (vosdroits-servicespublics) ne peuvent pas avoir de confitions de vie dignes et similaires à ces exceptions. L'AH représente en effet une allocation de subsistance qui se situe largement en dessous du seuil de pauvreté. Malgré l'augmentation de 25% sous le quinquenat de Nicolas Sarkozy nous ne le dépassons toujours pas.

     

    Faut-il alors qu'un maillon sorte de la chaîne et deviennent autonome, ouvre la voie à d'autres pour que l'handicapable deviennent un exemple à suivre, que son action soit largement médiatisé... Cette théorie est tout à fait réalisable si un effort minimale du public est apportée et que les sociétés individualistes tombent ; cela demandera un gros travail sur soi, il faut passer du visible à l'invisible. Travailler sur la reconnaissance de la personne handicapée dans tout lieux communs et son stigmate sera totalement dépassé. Il pourra ensuite s'opérer dans tout les autres spectres minoritaires, l'homosexualité notamment.

     

     

    MAJ au 28/08/2012

    MAJ au 15/09/2012

    Franck Schweitzer en collaboration avec Stéphane DeBona

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