• pompom-pidou partie 4 : Chefs-d'Oeuvres et après ?

     

    (c) centre pompidou-metz ; musée beaubourg, Paris
     
     ...Une fois dans l'enceinte du bâtiment, une vaste espace s'offre à nous, d'abord tentés de lever les regards vers ce qu'il y a de plus haut, un blanc sur blanc, une luminosité parfaitement calculée, un judicieux alliage de métal, de bois et de verre, tout en transparence, tout en opacité ; l'audacieux échange entre rustique et contemporain, les matières qui s'entrelaçent, le passé et le futur tout comme le sont les oeuvres exposées où l'on retrouvera côte-à-côte le mélange des genres : du cubisme au romantisme, de l'impressionnisme au surréalisme. C'est un véritable parcours en quatre séquences qui s'opère, le temps n'a plus d'importance, ni celui de visiter le Centre, ni le temps d'observation, encore moins le temps au sens “temporalité” d'une oeuvre à l'autre ; un voyage des sens et des émotions, l'on se laisse facilement dépassé par l'espace et la démesure qui nous entoure, les yeux brillent et les commentaires fusent ; certains esprits chagrins parleront du “prix que tout cela a dû coûté au contribuable” mais qu'importe nous sommes là pour de l'art et pour rien d'autre.
     
    La Grand Nef invite à ce parcours initiatique et chronologique des “chefs-d'oeuvre dans l'histoire” afin de revisiter les moments-clefs de la constitution du MNAM ; couloir-labyrinthe dont les angles morts sont délimités, l'ambiance est feutrée, la lumière est tamisée mais suffisamment présente pour sublimer tableaux et sculptures. Les visiteurs chuchotent et affichent un silence quasi-instinctif presque solennel. Ce qui frappe en premier lorsqu'on a l'habitude de visiter des expositions dans un cadre comme celui-ci, c'est que là aucune protection (ou si peu) ne sépare le tableau du visiteur lambda, pas de cordon rouge, ni de vitrine, ni même un panneau d'avertissement disant de “ne pas toucher”. Il s'agit là d'une volonté propre des protagonistes assez audacieuse peut-être risquée, vu qu'il y a pas mal de familles avec des enfants, le ton est à l'auto-discipline et tout le monde semble l'accepter, inconsciemment. On joue sans doute sur la psychologie et le sentiment de braver les interdits car en mettant “ne pas toucher” comme avertissement, on a tendance à vouloir justement... toucher : par goût de la provocation ou par esprit de contradiction, alors que là le sentiment de nouveauté ou peut-être tout simplement nous trouvons-nous devant des chefs-d'oeuvre ? -point d'interrogation- fait qu'il n'est finalement pas nécessaire d'y soumettre un cérémonial...
     
    Il est temps de monter dans les étages et lorsque l'ascenseur de verre sature, il est préférable de prendre les escaliers, beaucoup plus libres d'accès où curieusement les visiteurs ne se précipitent pas... En Galerie 1 les “histoires de chefs-d'oeuvre” plonge le visiteur dans la vie de l'oeuvre elle-même, de sa création à sa réception. La visite se poursuit avec “rêves de chefs-d'oeuvres” dans la Galerie 2 et en guise de “conclusion ?” --point d'interrogation-- les “chefs-d'oeuvres à l'infini” de la Galerie 3 s'entêtent à perdurer tout au long du Xxe et du XXIe siècle.
    De ces premières rencontres dans les étages on est submergé par l'émotion. Au fil des ambiances qui nous entourent et qui nous habitent, tous communient et “on” devient “je”. Je m'approprie les lieux, je suis fier de ce qui a été fait et fier de le partager avec tout ceux qui viennent voir ma ville, mon musée, mon patrimoine, mon histoire. Ce chauvinisme est d'autant plus marqué lorsqu'on s'approche des immenses baies vitrées de ces 3 galeries-tubes et de voir la magnificence et la grandeur panoramique sur la Cathédrale, les Arènes ou la Gare SNCF. Second point, l'étonnement, l'émerveillement devant les formes, les matières, le culot de certains artistes, l'intérêt ou non de certaines oeuvres minimalistes et sans attrait (mais cela reste subjectif, c'est toujours pareil, les goûts et les couleurs...)  de la femme “fil de fer” suspendue de Calder au premier espace ouvert quadrillée de grillage à l'intérieur duquel s'agglutinent des milliards de feuilles de laurier comme un paysage d'automne alors que entre-nous pour un mois de mai l'heure est bien au décalage, nos sens en prennent pour leur grade, on est bluffé, peut-être choqué par tant de décalage entre les saisons, les us et coutumes lorsqu'on suit du regard et nos pas de droite à gauche les mains derrière le dos ; là, tout semble en désordre plus rien n'aspire au rangement et au conformisme, on ne respecte plus les conventions, on les défient et çà... çà bouleverse pas mal de choses en nous, mais nous le savons pas encore... Passent les heures et les minutes, l'on est pas au bout de nos surprises, reste le moment où l'on sortira de tout ce cirque eeuuhh  musée.. j'en perd mon latin. Tout me trouble. Tout me questionne : Tout le long des murs de la seconde Galerie, je m'interroge sur le moi, sur le monde et mon rapport à celui-ci “et si, lorsque je prends la parole, le monde cessait d'exister”.
     
    Qu'est-ce-qu'un chef-d'oeuvre ? Qui décide que c'en est un ? Sa notion a-t-elle encore un sens aujourd'hui ? Un chef-d'oeuvre est-il éternel ? Tant de questions et bien d'autres... Au travers d'une sélection de 800 oeuvres de maîtres, l'exposition d'ouverture du Centre Pompidou-Metz interroge...  De ce qui est maintenant “notre musée” loin des clichés jacobiens où toute la culture est centralisée sur Paris et sa région, Metz ville-bankable n'aura plus jamais à rougir de son patrimoine et de son talent ; et si une requète aussi modeste soit-elle, doit être faite et bien soit ; demander aux parisiens de se déplacer en province pour une fois...
     
    … Et maintenant ? ... Et après ?
    Durant les six premiers jours gratuits, l'expo a attirée quelques 46 000 personnes ; la fête du samedi 15 au soir : 50 000 personnes. Au total 100 000 français et étrangers, messins ou non auront participé à l'évènement ! A présent c'est peu à peu que la Nef et les galeries fermeront à tour de rôle laissant leur place aux expositions futures :
    - Grande Nef le 25 octobre 2010
    - Galerie 3 le 17 janvier 2011
    - Galerie 1 le 9 mai 2011
    - Galerie 2 le 29 août 2011
     
    Depuis lundi 17 mai, les horaires ont changés :
    lundi et mercredi de 11h à 18h
    jeudi et vendredi de 11h à 20h
    samedi de 10h à 20h
    dimanche de 10h à 18h
    Fermeture hebdomadaire les Mardi
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    Franck Schweitzer
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