billets d'humeur personnels
...Et si on n'achetait pas de cadeaux de Noël cette année ?
« ...cet échange de cadeaux est de l'ordre du don et est universel dans son principe: ils créent, maintiennent et consolident des liens; ils constituent en quelque sorte une matrice du social » Gérard Berthoud, anthropologue.
A la base, il s'agit d'une tradition chrétienne que d'offrir des cadeaux à Noël pour les enfants et la famille proche. Présenter des offrandes à l'arrivée de l'enfant Jésus par les bergers et les rois mages. Depuis le XIXe siècle c'est de plus en plus devenu une formidable machinerie marketing internationale dont l'attrait premier a laissé place à une certaine course au plaisir, à l'exigence et à un certain bonheur. Cependant il y a des pièges à éviter, le cadeau ne doit en aucun cas devenir source de conflits moraux ; il doit rester de main à main un présent désintéressé, pur et généreux. On ne devrait jamais offrir de cadeau dans le seul but d'attirer les faveurs d'autrui sur soi pour qu'elle nous témoigne plus de respect ou de considération, ni ne doit être méritoire d'un enfant qui pourrait s'en voir privé à Noël parce qu'il n'a pas un bon bulletin.
Offre-on pour flatter son ego ou pour faire plaisir dans le seul but de faire plaisir ? Le cadeau à tendance à devenir un symbole de réussite sociale ; plus il est gros, plus il est cher, plus il est attractif, plus on oublie ce pourquoi on l'offre ! Le cadeau devient alors un jeu, un signe de richesse extérieur pour l'enfant dit « gâté-pourri » par ses grands-parents, ses oncles et tantes, etc. qui aurait tendance à flatter sa volonté de supériorité vis à vis de ses petits camarades « qu'est-ce-que tu a reçu comme cadeau ? » devient la question-référence à laquelle il est difficile parfois douloureux de répondre surtout si l'on vient d'une famille nombreuse ou défavorisé et dont le budget est limité.
J'entends encore mon grand-père de son vivant me dire « à notre époque -entendez dans les années 30/40- on recevait des oranges et on étaient contents » bien sûr l'époque d'entre-deux-guerres ne lorgnaient pas encore sur l'hyperconsommation moderne où il faut toujours avoir plus, vouloir plus pour exister... Et si la solution se trouvait pile sous notre nez, et si pour une fois on n'offrait rien pour les fêtes ? Le risque : nos enfants nous verraient comme d'affreux tyrans sans coeur et l'on passerait pour des goujats et des pingres auprès de nos familles, mais çà résoudrait le problème une bonne fois, non ? L'on se retrouveraient simplement autour d'un repas convivial, en famille, à chanter, à rire et s'amuser... Et si c'était çà aussi... le bonheur !?
Franck Schweitzer.