billets d'humeur personnels
1990 à 1994 Contexte politico-médiatique difficile, Patrick s’en va puis revient ! Pourtant l’émission est au top de son succès.
-----------
1990-1994 marque l’âge d’or du Club Dorothée mais parallèlement à cela, l’image de l’émission et de Dorothée sont régulièrement visés par une presse bienpensante de gauche (Libé, Télérama..) quand c’est pas le politique qui s’en mêle (Ségolène Royal en tête avec son livre d’alors « le ras-le-bol des bébés zappeurs ») ; mais c’est surtout en la personne de Catherine Tasca que tout va se jouer. Cette dame membre du CNCL (ex CSA) a décidé que Dorothée et ses producteurs allaient devenir ses têtes de turcs jusqu’à parvenir in fine à l’arrêt du club Do fin août 97. TFI était soi-disant en quête de sens à cette période. Il faut dire qu’AB a acheté des programmes qui sont pour certains, destinés à un public de jeunes adultes au Japon : Ken le Survivant par exemple... et les diffuse indifféremment dans des cases regardées par des enfants et pré-ados. La violence dans « Ken » provoque une vive polémique au sein des associations de parents qui demandent à faire retirer le dessin animé. TFI et AB décident d’un commun accord de conserver la diffusion mais en censurant toutes les images jugées difficiles par des « coupes psy ».
La rentrée 1990 marque un virage. Le Club Dorothée devient un véritable spectacle, et prends la majorité des codes des émissions de divertissement, notamment le mercredi après-midi. Un nouveau décor grandiose aux lasers, orchestre et une mise en scène qui starifie Dorothée : l'émission entre dans une nouvelle dimension. Pour les autres jours de la semaine, un nouveau plateau aux touches futuristes avec des écrans "connectés au monde entier". L'interactivité devient aussi la colonne vertébrale des séquences en plateaux via les jeux et le minitel. Pourtant l’équipe se disperse avec le départ de Patrick Simpson-Jones débauché par la Cinq pour animer un jeu sur son antenne avant de revenir au bercail.
A Noël 90, Sophie et Virginie, premier dessin animé co-produit par AB, arrive enfin sur le petit écran. Il sera suivi un an plus tard des Jumeaux du Bout du Monde, mais aussi dès septembre 91 du Club Sciences et de Terre Attention Danger, émissions éducatives sur les sciences pour l'une et sur les animaux et l'écologie pour l'autre. Autre changement amorcé, l’arrivée en masse de sitcoms américaines dans la programmation des mercredis aprèm pour un positionnement plus familial de l'émission.
Côté audiences, la pression est forte, une clause de résultats est inscrite dans le contrat avec TF1. "Il fallait que ça marche, on posait les problèmes et on rectifiait. Dès qu’on descendait sous les 39% de parts de marché, on avait réunion d’urgence à TF1 et puis il fallait qu’on trouve pourquoi. Régulièrement, tous les 2-3 mois. Et on arrivait à remonter." confie Jean-Luc Azoulay sur cette époque.
C’est à cette époque que nait la carte de membre du Club Dorothée ! Totalement gratuite, en envoyant simplement une enveloppe timbrée, le nouveau membre bénéficie de nombreux avantages, les fameux cadeaux "plus", la possibilité d'assister à l'émission en priorité, et d'aller voir Dorothée et les stars AB en coulisses après les concerts. Et surtout, à la fin de chaque émission, les membres dont c'est l'anniversaire se voient souhaiter leur anniversaire par toute l'équipe et peuvent regarder leur nom défiler à l'antenne. Au final, le Club comptera 700 000 membres au terme de l'émission.
Les quelques concessions, l'usure de la polémique et le fait que les audiences soient au beau-fixe permettront même à l'émission de reconquérir des tranches horaires. Les dessins animés ne sont plus tellement sujets à polémique, si ce n'est Dragon Ball Z qui reste la bête noire de Télérama, AB et TF1 veulent désormais la jouer profil bas, mais sans sacrifier les programmes qui font le succès de l'émission. Silvio Berlusconi clôture l’aventure de la Cinq ce qui permis à AB d'en récupérer le catalogue et de les diffuser au sein du Club Do.
En 93, AB poursuit le développement des dessins animés français et européens. Parallèlement, sous la houlette de la nouvelle "unité de programmes jeunesse et familiaux Dorothée" les sitcoms français se multiplient au sein de l’émission et après : « Premiers Baisers », « Héléne et les garçons », « le Collège des Coeurs Brisés », « le Miel et les Abeilles » et « Les Filles d'à Côté », pour ne citer que les plus célèbres, permettant à AB de devenir le plus gros producteur français de tv en volume de programmes et le groupe signe avec TF1 le renouvellement du contrat jeunesse pour 3 nouvelles années.
C'est tout un écosystème qui se crée, les comédiens de sitcoms deviennent chanteurs et se produisent au Club Dorothée et au Jacky Show, les clips et l'autopromotion tournent à plein régime. Et le succès est plus qu'au rendez-vous : Près de 4,5 millions de téléspectateurs en moyenne pour Hélène et les garçons dont l'héroïne Hélène Rolles est propulsée superstar. Du coup, les critiques changent leur fusil d'épaule, blâmant désormais la niaiserie des sitcoms et le business AB. Mais la recette fonctionne à plein et les mercredis après-midis au Club Dorothée sont des grands shows, un show dont le générique est dès lors un long travelling qui se balade dans tous les décors des séries avant d'arriver sur le plateau gigantesque du Club Dorothée, orchestré comme un prime de divertissement et avec autant de moyens. D'ailleurs entre 1991 et 1994, 5 émissions de prime-time sont commandées à AB par TF1. Ces comédies musicales sont inspirées des émissions de M et G Carpentier dans les années 70/80, Dorothée y recevant de nombreuses vedettes françaises et internationales.
synthèse réalisée par Franck Schweitzer depuis (c) clubdostory.net