• le cimetière

     

    cliché personnel, vue cimetière de l'Est, METZ (c) Franck Schweitzer. Tout droits post-mortem réservés
     
     … Je hais les testaments et je hais les tombeaux
    Plutôt que d'implorer une larme du monde
    Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
    A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde...
    Charles Baudelaire, les fleurs du mal, 1861
     
     
    Il existe dans les sociétés primitives à l'aube même de l'histoire voire avant, un culte du mort caractéristique de l'espèce humaine. L'on prend parfois bien plus soin des morts que des vivants, on les honore, on les pleure et on laisse l'âme reposer en paix, souvent dans l'univers fantastique n'entendons-nous pas cette célèbre phrase venue d'outre-tombe “qui ose troubler mon repos ?”... il est un fait que les morts ont droit au repos éternel.
    La mise du corps en terre remonte donc aussi loin que la préhistoire, avant même que l'homme n'ait inventé l'écriture, on “gardaient” les morts au milieu de habitations des vivants en marquant le sol d'une stèle et l'on dressaient déjà des nécropoles pour les chefs de clans et enfin des siècles après, pour les personnalitées religieuses on les enterraient avec des objets de quelquonque valeur symbolique ; ce qui explique en partie le pillages des tombes... déjà !
    Avec le Moyen-Age et l'avènement du christianisme, les cimetières devinrent une terre sainte souvent rattachés aux paroisses. Ainsi étaient considérés comme excommuniés les suicidés notamment : de tradition chrétienne celui qui s'ôte la vie ne mérite pas le paradis, Dieu étant seul juge de qui doit mourir et à quel moment. Les suicidés n'avaient de ce fait pas le droit de reposer au cimetière, leurs corps étaient mis en terre sans aucune cérémonie religieuse et aux portes de la ville, dans une fosse commune.
    A notre époque contemporaine, on ne parlera plus de pillage de biens matériels comme au temps de nos ancètres, mais bien de profanation ; autrement dit l'ouverture volontairement forcée de tombes sans qu'il n'y ait d'ailleurs de but précis mais uniquement pour choquer les consciences, déranger le repos des morts et bouleverser profondément l'endeuillement des familles. Cet acte devenu sacrilège avec le temps transcende la simple question du profane et du sacré et devient un enjeu judiciaire et politique lorsqu' trouble l'ordre public, les moeurs, la morale et l'individu lui-même. La dégradation prend un tout autre essor cette fois-ci beaucoup plus grave parce que puni par la loi, lorsqu'il s'agit de profanation de cimetières juifs dont les principaux responsables sont toujours des groupuscules néo-nazis ou encore des sectes sataniques.
     
    Le dernier point pour conclure touche quant à l'expansion géographique des villes et les contraintes définies par le Code de l'urbanisme pose un réel problème quant à l'édification de cimetières. Le problème soulevé par Philippe di Folco dans son “dictionnaire de la mort”  touche les cimetières du futur notamment sur la toile, perdront de leur humanité et de leur sacré si j'ose dire puisqu'il suffira de se connecter via un site web et payer en ligne sa gerbe de fleur et observer quelques minutes de recueillement tête baissé devant son écran d'ordinateur... C'est malheureux d'en arriver là mais cela nous pend au nez !
     
     
    LEXIQUE..... VOCABULAIRE :
    Tumulus : élévation de terrain formé par l'accumulation de terre et/ou de pierre au-dessus d'une sépulture
    Fosse commune : tranchée creusée dans le sol et destinée à y entasser des cadavres
    Tombe : l'endroit où est enterré le mort après les funérailles
    Tombeau : lieu bâti, creusé dans la roche où se trouve la sépulture ; le terme s'applique aux édifices funéraires isolés et aux tombes de personnalitées importantes
    Mausolée : monument funéraire de grande dimension
    Cénotaphe : monument élevé à la mémoire d'une personne ou d'un groupe mais qui ne contient pas de corps ; étymologiquement, du grec kenos “vide” et taphos “tombe”
    Enfeu : tombe encastrée dans l'épaisseur du mur d'un édifice religieux, généralement réservé aux nobles
    Mémorial : monument servant à commémorer un évènement ou à honorer une personne décédée (statue, fontaine ou plus souvent une pierre tombale)
     
    MON RESSENTI... MES SOUVENIRS :
    Petit, j'ai toujours été admiratif des cimetières, leur quiétude, cet instant où tout s'arrête, où le silence se lit sur nos lèvres, où nos douleurs semblent s'apaiser... Mon expérience de cimetière, je ne la dois pas seulement aux nombreuses personnes proches que j'ai accompagné lors du dernier voyage mais aussi à tout ces moments de passages où seul en grandissant je me plaisais à retourner, et encore aujourd'hui, plus en basse saison qu'en plein été : de la fin septembre à la fin février, le vent glacial, la nuit qui tombe rapidement, la brume, la neige... Tant d'éléments de lieux communs sortis de l'imaginaire gothique dans n'importe laquelle des références que l'on connait (littéraires, cinématographique, musical...) et encore petit, je me suis toujours senti coupable de ne pas y aller plus souvent voir ces morts, je me demandai s'ils me voyaient de là où ils étaient... Et puis cet éternel énigme de celui qui git ! Me voit-il de là-haut ? Le paradoxe absurde, l'antinomie dans la tradition catholique qui enterre ses morts en-terre (!!) précisément, alors que le paradis se trouve en haut en toute logique selon les saintes écritures. Sous terre, se trouve l'enfer si je suis la logique chrétienne, serait-ce le corps-putride, sale, impur qui descend aux enfers et l'âme, l'esprit qui rejoint le ciel ??... Le débat reste ouvert : Vous en pensez quoi, lecteurs et -trices ?
     
     
    sources : wikipedia      Dictionnaire de la mort (P. Di Folco)         Dictionnaire Larousse, édition 2004
     
    Franck Schweitzer.
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